ni queue ni tête (8)

Être différent, c’est être soi. Ni plus, ni moins. Aucune originalité à être différent. La différence est la source de l’individu, sa raison d’être. Être différent permet de souligner les variations entre un être et un autre être. Vivre, c’est se différencier, ne pas être semblable. Pourquoi chercher à effacer ces différences si elles façonnent l’unique représentation de soi ? Aimer être comme, vouloir être comme, comparer des individus qui ne peuvent être comparés. À quelle fin ? Pourquoi faire ? Encore une fois, il est aisé de suivre les coutumes et croyances qui nous entourent et nous rassurent. Rechercher le groupe ou la tendance qui nous ressemble pour éviter d’investiguer ses propres traits de personnalité. Se vouloir autre tout en évitant de voir qui l’on est. Les chemins de traverse sont plus aisés à suivre. Ils nous conduisent là où l’on souhaite aller sans décider quoi que ce soit. Se perdre là où il n’y a aucun refuge, pour ne rien voir, pour ne rien entendre. Ne rien toucher, ne rien sentir ni même sa peau. Seule la peau, son grain, son odeur mêlée à sa saveur peut conduire à la découverte de soi et à comprendre sa différence à l’autre. L’autre est une peau, une odeur, un toucher bien différent de soi. C’est à cet endroit même que l’on découvre que l’on peut être autre que soi. Sans contact physique, il n’y a rien. Aucune trace, un vide, entre soi et soi. La naissance de l’amour ne repose plus que sur la création de l’autre avec soi. La sensation de soi avec l’autre. L’émotion du nous pour deviner le soi. Ne plus être seul, oublier sa finitude en partageant son être et sa différence. Pas un seul instant de doute. Être là.

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