ni queue ni tête (14)

Nous n’avons besoin de presque rien. Il ne reste que « presque » à définir. Dans presque, il y a l’amour, l’amitié, la famille et quelques objets, le moins possible. Pas pour s’enorgueillir d’être minimaliste, mais pour ne pas s’encombrer l’esprit. On ne peut pas penser à tout, il faut libérer de l’espace, se décharger de ce qui est en trop. Au début, sans pratique, on ne sait pas trop quoi laisser sur le chemin. Ne pas s’alourdir de souvenirs, ils se dégradent avec le temps, ne pas accumuler de projets qui ne se réaliseront pas. Le moins possible, avoir en tête le moins possible. Avoir sur soi le moins possible. Avoir chez soi le moins possible. Seul le cœur peut être lourd, bien rempli, bien en chair, prêt à exploser. Il est là pour ça. Il vit pour ça, sinon à quoi bon envoyer du sang de tous les côtés, avec autant de force et d’acharnement. On peut l’entendre battre parfois, si l’on se concentre bien, en fermant les yeux. Ne garder que l’essentiel repose sur l’habileté à savoir choisir. Choisir quoi, choisir qui, choisir comment, choisir pourquoi. Que de choix pour atteindre la liberté de ne garder presque rien avec soi. Un sursaut de conscience serait le bienvenu. Il doit être discret mais ferme. Il ne doit pas lâcher sa proie, soi. Avancer tout en laissant tomber ce qui n’est pas indispensable. Ce n’est pas fuir les soucis ou les dangers, c’est seulement éviter de penser à ce qui ne change rien à sa vie. Ne pas croire, seulement observer, avec attention. Se brûler s’il le faut, ce n’est que de la douleur. Rien de plus. Ne pas laisser la porte ouverte à tous ceux qui veulent entrer dans votre vie. Prendre garde, sereinement et calmement, comprendre que ce n’est pas un besoin vital, seulement une option, une possibilité. Avec ou sans, on peut continuer à vivre. Prendre le dessus sur la facilité d’accepter. Ne pas tout accepter. Nous n’avons besoin de presque rien.

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