Ils ne font plus l’amour. Non, rien ne les empêche de le faire. Enfin si, une chose, ils ne sont plus là, physiquement quelque part, mais plus dans leurs têtes. Leur esprit est ailleurs. Là où personne ne peut aller. Ils se sont réfugiés dans une autre vie que la leur, la vie des autres. Ils sont là où personne ne se retrouve vraiment. Ils sont dans un message entre deux mondes mais ce n’est pas sûr non plus. Leur esprit n’est plus là, il s’est décroché d’eux, de là où ils croyaient tout maîtriser, leur vie, leur sexualité, leurs souvenirs. Petit à petit ils se sont détachés. On les a aidés à se détacher de leur présence. Ils ne sont ni ici, ni maintenant. Si c’était un rêve, ce serait presque beau. Mais ce n’est pas un rêve. C’est un tout petit souffle d’air, d’énergie qui voyage dans un infini non défini. Un câble, une onde, un souffle de rien. Ils ne font plus l’amour. Ils n’ont pas besoin d’un autre, de l’autre. Ils sont bien profondément ancrés en eux, dans l’image deux. Ce qui flotte, qui flue, nulle part. Ce qui n’a pas changé c’est qu’ils ne s’aiment pas plus, non. Parfois ils détestent même ce qu’ils sont. Ils se sont enfermés là où personne n’a d’importance, de valeur, de consistance. Un non-lieu individuel. Une histoire qui n’existe pas. Un rien plein d’émotions diverses. C’est étrange. Ce n’est pas une règle, c’est comme ça. Ils se sont laissés aller vers un monde qui est inconnu de tous malgré sa puissance perverse. Une manipulation collective autoimmune. Une maladie qui devient vie. Être là, nulle part, parmi les autres qui n’existent pas. Ni un regard, ni une caresse. Une fiction imagée, pré-imaginée. Pour eux. Seuls.
ni queue ni tête (19)
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