Archives de l’auteur : Xavier

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A propos Xavier

Dreamer

note 

Le froid nous immobilisa. Nos mains étaient gelées. Je me souviens de ta main dans ma main. Je ne sais plus si c’était le soir ou le matin. Le sang glacé, les yeux à demi-fermés par ce souffle d’air polaire, nous avons regardé l’étang gelé, sans nous parler. Je tenais ta main il me semble. Peut-être était-ce toi qui tenais la mienne, ce n’est plus très clair pour moi. 

Je ne me rappelle plus qui de nous deux soutenait l’autre, mais je sais que nous nous sentions plus forts ensemble. La chaleur de nos deux mains réunies nous permit d’oublier le monde. 

Être là était ce dont nous avions rêvé. 

Nous fûmes là, ici et maintenant, même si ce moment n’existât jamais. 

note

Un jour son cœur s’arrêta de battre. Il continua cependant à vivre par habitude.

Réponse de Charles Maussion

J’éprouve quelque difficulté à vous répondre, mais je voudrais vous faire part d’un moment important que j’ai vécu il y a plusieurs années déjà.

Je lisais dans ma chambre et pour cela portais des lunettes pour voir de près, lorsque levant la tête, mon regard tomba sur une petite photo de ma mère qui était posée sur un meuble à quelques mètres de moi.

Je restais stupéfait. À travers ces lentilles, la photo n’avait plus rien à voir avec celle que je connaissais : plus rien ne restait de la description de ma mère et pourtant sa présence était mille fois plus intense. C’était un contact direct, très émouvant, d’une luminosité rayonnante.

L’image était très simple : simple graduation de lumière aboutissant à un sommet lumineux d’une intensité presque insupportable. Pas de contrastes, mais chaque point de l’espace avait son autonomie, son rayonnement propre et pourtant chaque point avait sa place exacte, sa condition nécessaire et suffisante pour participer à l’ensemble. Le tout avait une unité parfaite, une grande simplicité d’où se dégageait le sentiment de joie et de paix.

J’étais frappé que si peu d’éléments, juste une graduation de valeurs, pouvait aboutir à une telle intensité.

Rien n’était bloqué, fermé, c’était un monde ouvert à la fois irréel et pourtant très réel, puissant et à la fois plein de tendresse.

Plus tard, je marchais sur une plage du nord, et, à quelques mètres de moi, une mouette. C’était de bonne heure le matin, l’air était encore embrumé et les tons bruns-roses du sol se mêlaient au bleu de l’atmosphère pour former une atmosphère grise très transparente et diffusant la lumière.

Je fus saisi : elle se tenait toute droite sur ses pattes comme une montagne de lumière. Pourtant, elle ne semblait pas de nature différente de l’espace lumineux qui l’entourait. La lumière avait mangé ses contours pour ne laisser qu’une présence lumineuse… seule une très fine modulation à peine perceptible, comme une caresse.

Là encore, très peu d’éléments, pas de contrastes, pas d’affirmation, juste un espace, un souffle, une respiration suffisait à créer cette présence comme une source rayonnante et rafraîchissante.

La similitude de vision avec la photo de ma mère était étonnante. C’était le même monde.

Charles Maussion | 1923 – 2010

en savoir plus sur la vie de l’artiste Charles Maussion : www.charlesmaussion.com

La pauvreté 


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éditions l’Atelier contemporain | Appel à financement participatif

Appel à #financement #participatif qui permettra aux #éditions L’Atelier contemporain de remettre la maison à flot et de lancer des fabrications de #livres pour le premier semestre 2017, et, si l’objectif maximal est dépassé, envisager des projets plus importants.

Pour participer, vous pouvez cliquer sur l’image ci-dessous :

 

Atelier Contemporain financement participatif

Découvrez le catalogue sur le site des éditions: http://editionslateliercontemporain.net

et n’hésitez pas à partager auprès de vos amis proches.

Merci.

Non, ne laissons pas Aslı Erdoğan isolée, menacée et réduite au silence

Avatar de Tieri BrietUn cahier rouge

aslierdogan_yeniozgurpolitika_24551Chaque jour depuis septembre, plusieurs écrivains turcs se tiennent debout face à la prison pour femmes d’Istanbul. Solidaires, ils protestent contre l’emprisonnement d’Asli Erdoğan, l’auteur du Bâtiment de pierre. Jeudi dernier, les procureurs turcs ont réclamé la prison à vie pour la romancière qui, à 49 ans, n’a jamais commis d’autre crime que d’écrire dans une presse favorable aux revendications du peuple kurde.

livre-le-batiment-de-pierre-asli-erdoganL’acte d’accusation reprend la pauvre rhétorique d’un État qui en a terminé avec la démocratie, en reprochant à la romancière d’être «membre d’une organisation terroriste armée», d’«atteinte à l’unité de l’État et à l’intégrité territoriale du pays» et de «propagande en faveur d’une organisation terroriste». Alors j’ai commencé à lire ses livres. Je voulais comprendre qui était cette femme emprisonnée. L’écriture du Bâtiment de pierre m’a vraiment impressionné. L’incroyable sensibilité d’Aslı Erdoğan éclate à chaque page, sombre et sans cesse inventive…

Voir l’article original 221 mots de plus

Leonard Cohen | Every body knows

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Everybody knows that the dice are loaded
Everybody rolls with their fingers crossed
Everybody knows the war is over
Everybody knows the good guys lost
Everybody knows the fight was fixed
The poor stay poor, the rich get rich
That’s how it goes
Everybody knows

Everybody knows that the boat is leaking
Everybody knows that the captain lied
Everybody got this broken feeling
Like their father or their dog just died
Everybody talking to their pockets
Everybody wants a box of chocolates
And a long-stem rose
Everybody knows

Everybody knows that you love me baby
Everybody knows that you really do
Everybody knows that you’ve been faithful
Ah, give or take a night or two
Everybody knows you’ve been discreet
But there were so many people you just had to meet
Without your clothes
And everybody knows

Everybody knows, everybody knows
That’s how it goes
Everybody knows

Everybody knows, everybody knows
That’s how it goes
Everybody knows

And everybody knows that it’s now or never
Everybody knows that it’s me or you
And everybody knows that you live forever
Ah, when you’ve done a line or two
Everybody knows the deal is rotten
Old Black Joe’s still pickin’ cotton
For your ribbons and bows
And everybody knows

And everybody knows that the Plague is coming
Everybody knows that it’s moving fast
Everybody knows that the naked man and woman
Are just a shining artifact of the past
Everybody knows the scene is dead
But there’s gonna be a meter on your bed
That will disclose
What everybody knows

And everybody knows that you’re in trouble
Everybody knows what you’ve been through
From the bloody cross on top of Calvary
To the beach of Malibu
Everybody knows it’s coming apart
Take one last look at this Sacred Heart
Before it blows
And everybody knows

Everybody knows, everybody knows
That’s how it goes
Everybody knows

Everybody knows, everybody knows
That’s how it goes
Everybody knows

Everybody knows, everybody knows
That’s how it goes
Everybody knows

Everybody knows

Leonard Cohen ( 21 de septiembre de 1934 – 10 de noviembre de 2016)

 

Oser

Je vais revenir ici. Je n’avais, à priori, aucune raison de laisser cet espace en jachère. Depuis que je ne m’y arrête plus, j’ai perdu beaucoup. Je ne sais pas si je parviendrais à quoi que ce soit. N’ayant aucun objectif, je suis rassuré. N’ayant aucun regret, je suis apaisé. Rien à construire, personne à rassurer, nulle contrainte à éviter. Rien à craindre. Je n’ai aucune obligation à respecter, si ce n’est celle d’y être libre. Se soustraire aux tourments des mondes, retrouver ce temps et le reconquérir, retrouver une voix. Écrire pour penser et observer consciencieusement la vie qui défile. Je vais essayer de retrouver les possibles qui s’étaient ouverts ici, de croiser les rêves que j’y avais déposés. 

Anamnèses & autres textes (dont Mauvaises Nouvelles) | version papier

Le livre Anamnèses & autres textes (dont Mauvaises Nouvelles) est aussi disponible en version papier depuis aujourd’hui.
Un grand merci à Jean-François Gayrard pour son travail (éditions Numeriklivres)

Pour commander votre livre en version numérique ou version papier, vous pouvez passer par ici: http://goo.gl/hwnfFE ou dans votre librairie de cœur.

Xavier Fisselier, Anamnèses, éditions numeriklivres
Photo couverture Jean-Baptiste Fort (photographer)

Anamnèses_Emma

Merci Emma (photo)

Anamnèses & autres textes | Xavier Fisselier, auteur

ISBN-13: 978-2897179212

Broché 106 pages – 13×20 cm

avant mort

absolument fasciné par ces deux morceaux et leurs vidéos. les oeuvres avant mort qui s’échappent de soi, les plus belles. la distance au monde.

magnifique

rip david bowie

note

  

On pourrait s’écrire pour ne rien dire. Se lire sans s’écrire, se laisser faire, glisser là où l’on aimerait se laisser aller si nous avions les yeux bandés et si nous pouvions ne pas y penser. Se lire sans s’écrire, s’écrire sans se lire parce que l’écriture est un autre leurre. Les mots ne sont pas universels puisqu’il faut les traduire. Traduire quoi! Vivre dépasse les mots. Vivre ridiculise l’absence. Les mots, non écrits, n’ont pas de frontière. Aucun talent n’est nécessaire. Ni aucune reconnaissance d’ailleurs. Les mots sont justes quand on ne les dit pas, quand on ne les écrit pas. Les mots se savent. Les mots sont là. Un langage silencieux. Une langue silencieuse. On sent sa présence à l’autre. On est là, l’autre est là. Un soi en somme. Lui dire est sans issue. Le dire est un échec. 
Être là. 

2015 & 2016

Belle et heureuse Année à vous. 

  

note – Yanaihara Isaku – Avec ‪Giacometti‬ – éditions Allia

Yanaihara Isaku - Avec ‪#Giacometti‬ - éditions Allia

Partager ce très beau texte de #Giacometti , extrait de Avec Giacometti – Yanaihara Isaku – éditions Allia

Voyage chez les gens. 

  
J’aime ce mot, gens.
Les gens. Tu es autant « gens » que je ne le suis. Tu fais partie d’un tout, moi aussi, nous aussi. 

Ça n’a rien de péjoratif bien au contraire. Les gens sont ceux avec qui, enfin, vous croisez le regard, ou pas. Les gens, ce sont ces individus, ces hommes, ces femmes, ces enfants que vous regardez autour de vous, que vous regardez passer, défiler, surgir, disparaître, réapparaître dans vos vies, dans vos mémoires. Dans les yeux, les vôtres. Ceux qui sont greffés sur votre corps. Quel outil merveilleux les yeux : voir les gens. Vous sentir seul au milieu des gens qui sont peut-être seuls, ou peut-être pas. Qui ont leur vie à eux. Celle qu’ils aiment, celle qu’ils détestent. Ces vies qui sont souffrance et joie à la fois. Qui sont successions de moments. Des instantanés. La vie d’untel et d’untel. Celles que vous percevez et celles qui passent. Ni utiles, ni futiles. Je ne me sens ni plus ni moins proche, mais en voyage, et je me sens dedans. C’est une partie de ma vie, aussi vraie qu’elle n’est fausse. Et la vôtre. C’est, au milieu de nulle part, mais c’est là. Au milieu de nulle part mais tout à la fois c’est au centre de la vie, au milieu des autres, étranger à soi, étranger à l’autre. J’ai le sentiment que nous ne devrions être qu’étranger à l’autre, pour être curieux. J’aime regarder les gens. Pas seulement les filles comme cette chanson que j’aimais dans des années plus douces. « J’aime regarder »… les couples, les jeunes couples, les vieux couples. Les jeunes, les moins jeunes. Les gens qui vivent à un endroit. Qui aiment ou peut-être détestent l’endroit où ils vivent. Ceux qui se parlent, ceux qui s’ignorent. Ceux qui m’ont repéré les observer, ceux qui n’ont rien vu. Les écouter, quand c’est possible. Écouter leurs paroles volées. Voir leurs regards sans mot. Écouter le silence de leurs regards, et parfois les flammes de leurs regards éblouis par un soleil d’amour. Être au milieu, invisible. Écouter la musique des Rolling Stones en fond, avec le pas pressé des serveurs. Pourquoi sommes-nous réunis ensemble ce soir ? Que s’est-il passé? Est-ce le miracle de la vie? Penser à ceux qui ne sont pas assis là, physiquement; mais qui sont assis là tout de même, à côté et invisibles pourtant.

Être invisible physiquement et rayonnant ailleurs. Belle prouesse, humaine sans doute. Insurmontable parfois, rassurante quelques fois, souvent troublante, mais surtout inoubliable et passionnante. La distance kilométrique et physique est une vue de l’esprit. Elle ne change rien, absolument rien. Croyez-moi. Pas d’espace, pas de temps. La distance temporelle est aussi une vue de l’esprit. Elle ne change rien non plus. Ce qui compte, uniquement, c’est le « croisement ». Ce mot est horrible mais je n’en ai pas trouvé d’autres. Le point de contact. La mise en relation. Le moment où. Dans la réalité, dans la virtualité. Il y a un point de contact, un point d’accroche. Ce moment, minuscule point, celui de l’intersection. Celui qui fait tout. Celui qui fait que deux droites, mêmes torses, se croisent, se relient. C’est étrange ces vies « droites » qui se croisent. Qui entrent en contact. Par un mot, un regard, une voix, une absence, une sensation. Mais ces points qui restent gravés en soi, quelque part. Là où l’on ne sait entrer vraiment. Est-ce cela la vie? Des parallèles inconnues et quelques intersections qui restent gravées par ces minuscules points d’impact, de joie et de tristesse pour n’en citer que deux. Et tout cela sur un tapis roulant dont on ne voit que trop le bout. Une vie droite pleine d’intersections qui perdurent et ne se laissent aller. Et ces déceptions. Quel horrible mot: déception. Je suis déçu. Tu m’as déçu (le pire de tous). Quelle est son origine? Je n’ai pas le courage de chercher. Je le vis seulement, en appréhendant ses retombées. Déçu de quoi? De qui? Pourquoi? Quelle connerie! Pourquoi sommes-nous stupides pour décevoir et se décevoir. Cela n’a aucun sens si ce n’est donner du sens à des vies qui n’en ont pas. Les vies sont, et c’est tout. Ni glorieuses, ni décevantes. Elles sont. Parce qu’elles ont existé au milieu d’autres vies. Certaines perdurent un peu plus seulement, mais elles n’en sont pas plus importantes ni moins importantes. Elles sont. Avec leur degré de folie et d’inconsistance. Aucune n’est consistante, rassure-toi. Et toi, et moi au centre de ce tourbillon. Tu te souviens de moi, je me souviens de toi. 

Il faut se dire « je t’aime ». C’est un devoir universel, une règle qui ne s’impose pas, mais une règle en soi. Une règle qui ne s’explique pas mais qui explique tout. Dire « je t’aime » à tous ces croisements de droite qui ne dépendent ni de toi, ni de moi. Ni de Dieu d’ailleurs. Parce que nous sommes toujours deux, seulement deux, à un moment donné, dans un lieu indéterminé. Là. Ici et maintenant.

Parce que je l’ai compris. Grâce à toi. Qui a croisé ma droite sans forme. Pas de chemin, pas de trace. Seulement la trace d’un avion qui passe dans le ciel et qui s’efface. Mais toutes ces traces ont existé. Comme toi. Comme moi. 

Le bonheur d’une vie. 

Le bonheur d’une inconsistance évidente mais consciente. L’universalité d’une pensée inconsistante. 

Le voyage parmi les gens, les gens parce qu’ils comptent. Tous. 

Ne vous leurrez pas, aimez-moi est universel. Enfin je crois. 

Et si on se trompait de chemin?

 

 Et si on se trompait de chemin?
Et si on se trompait de combat? 
Et si on l’admettait?
Combien de chemins pour un nouveau combat?
Combien de combats pour un nouveau chemin? 
Ce n’est plus une question politique, seulement une question de conscience…
Humaine… 
Si nous sommes aveugles, s’ils sont aveugles, la conscience, elle, ne l’est pas. 
Conscience de l’autre, conscience de l’être au monde. 

Réflexion d’un inconscient anonyme en quête.