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que penses-tu?

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– Que penses-tu?
– Que penses-tu de quoi? De toi? De moi? De nous?
– non, mais non… Que penses-tu de ça? Tout ça.
– tout ça! Tout ça quoi! Il y a tant de choses…
– je sais… Mais ce n’est pas cela. Que penses-tu? Je ne te demande pas à quoi ou à qui penses-tu, seulement que penses-tu, toi?
– là, maintenant. Ici et maintenant, à quoi je pense?
– non, pas seulement ici et maintenant. Je te demande seulement: Que penses-tu?
– mais, je ne sais pas moi… Je pense quoi? Je ne sais pas, je ne pense rien.
– et bien voilà, on ne pense rien… On pense «à» mais on ne pense pas. On ne pense jamais. On ne s’arrête pas à penser. On pense seulement à quelqu’un, à quelque chose, mais on est incapable de penser. Pour rien… Tu me comprends?
– je ne sais pas. Je ne sais pas si je te comprends, si je préfère ne pas te comprendre. Je ne sais pas et cela m’exaspère. Tu ne peux pas ne pas penser? Vivre, seulement, sans penser. Sans rien penser.
– je ne sais pas. Je n’y peux rien, c’est comme ça. Je ne sais pas si je pense, seulement j’aimerais savoir si je pense vraiment. Je ne sais pas si je vis, si je participe… Je ne sais pas, je ne sais vraiment pas. Tu crois qu’on est là?
– tu m’emmerdes avec tes questions! Elles ne servent à rien, on s’en fout. À quoi ça sert tout ça, à quoi? Peut-être que cela ne sert à rien. Cela ne m’intéresse pas de penser à ce que je pense… À rien, rien.
– tu crois vraiment ce que tu dis? Cela ne t’intéresse pas? Je ne comprends pas. Je ne te comprends pas, explique-moi.
– mais je n’ai rien à t’expliquer. Je pense à demain, à hier. Je pense à tout à l’heure. Je pense à tes questions. Je pense, je pense…
– rien. Tu ne penses rien. Comme moi, tu ne penses rien. Rien sans référent. Tu as besoin de visualiser quelque chose, de sentir pour penser. Sinon tu ne penses rien… Alors tu penses à quelqu’un, à quelque chose pour éviter de penser. Cela te rassure de penser «à», mais tu ne veux pas penser.
– tes questions m’angoissent. Tu m’angoisses. Je n’ai pas besoin de cela. Non, je ne veux pas penser à cela. Aucun besoin, aucune envie. J’avance moi.
– tu avances… Tu avances où? Tu avances à quoi? Qu’est-ce que tu crois? Tu as une mission? Tu sers à quelque chose?
– arrête! Stop!
– as-tu peur? Tu doutes de quelque chose. Je t’ennuie?
– oui. Tu ne vois rien, tu ne sens rien. Tu te poses des questions qui ne mènent nulle part. À rien. Tu le comprends? Tu cherches quoi? Tu ne peux pas vivre simplement. C’est une torture? Un châtiment divin? Tu n’es pas différent des autres, alors ne cherche pas. S’il te plaît, ne cherche pas. Ne cherche plus. Tu ne résoudras rien. Rien à rien. Tu n’as pas le pouvoir de changer quoi que ce soit. Ni personne.
– et, on en reste là… Pour toi c’est comme ça. On continue, dans l’ombre du jour et de la nuit. On ne pense plus. On vit comme ça, jusqu’à la fin. Sans penser à rien. On s’accommode. On s’arrange avec ce que l’on connaît.
– On ne peut rien y faire. C’est ainsi. À prendre ou à laisser.
– seulement être là. Et aimer.
– peut-être.

note

Pourquoi penser différemment si l’on a déjà la chance de penser? Penser est nécessaire et suffisant. Aberration du langage contemporain?!

Penser différemment serait aussi stupide que d’imaginer que l’on peut rêver différemment.