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nadie es de nadie

Cet aphorisme, trouvé dans la ville, est simple, clair.

Il est si juste, et à la fois, si souvent oublié.

Il fonctionne aussi bien dans les relations personnelles que dans les relations professionnelles.

Pas de dépendance, pas d’appartenance.

La visualisation d’un état que l’on oublie parfois: la liberté d’être.

Être soi, et être à soi.

Pourquoi cette petite phrase a-t-elle été déposée sur le rideau de fer d’une boutique ?

Aucune idée. Ce message était tout de même le bienvenu ce matin.

Il fait réfléchir.

Les mots déposés ici et là sont souvent importants, parfois on ne les voit pas.

Parfois, on les voit.
Et on s’y arrête.

Être là.

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Un jour, il n’y aura plus de mots.
Un silence puis son souffle.
Être là, c’est peut-être aussi disparaître.
Comme une vie.

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Déconstruire l’ordre des mots. Les insuffler dans les cieux pour qu’ils en chutent librement et qu’ils s’inscrivent sur cette terre, dispersés par les traces de pas qui s’éloignent mais qui ne s’effaceront pas. Ils sont gravés là, comme ces images et ces odeurs capturées. Agrandir l’espace de pensée que nous nous étions octroyés et n’avoir plus peur de rien. Ne craindre personne. Ne plus redouter le vide. Celui qui est partout. Autour de nous. Adopter le vide qui nous entoure et sentir la vibration de son absence. Nous sommes là, présents les uns aux autres et nous ne nous voyons plus. Seulement sentir la présence. Le reste n’importe pas. Que vous soyez là et que vous n’y soyez pas. Les distances sont temporelles et le temps n’a pas le temps d’exister. Il aurait déjà disparu s’il avait déclenché sa course, même un instant. Être là. Ou peut-être ne pas y être.

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« Ce qui s’arrête avec la mort, ce n’est pas une vie, mais la présence de cette vie. L’être qui était vivant et qui ne l’est plus manque au monde : le monde le comprend et il n’est pas dans le monde. Ce qui meurt arrête d’être présent. »

Tristan Garcia – Forme et objet, un traité des choses – Presses Universitaires de France

La perception du manque et la perception de l’absence sont donc très proches de la perception de la mort.
Être là

que penses-tu?

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– Que penses-tu?
– Que penses-tu de quoi? De toi? De moi? De nous?
– non, mais non… Que penses-tu de ça? Tout ça.
– tout ça! Tout ça quoi! Il y a tant de choses…
– je sais… Mais ce n’est pas cela. Que penses-tu? Je ne te demande pas à quoi ou à qui penses-tu, seulement que penses-tu, toi?
– là, maintenant. Ici et maintenant, à quoi je pense?
– non, pas seulement ici et maintenant. Je te demande seulement: Que penses-tu?
– mais, je ne sais pas moi… Je pense quoi? Je ne sais pas, je ne pense rien.
– et bien voilà, on ne pense rien… On pense «à» mais on ne pense pas. On ne pense jamais. On ne s’arrête pas à penser. On pense seulement à quelqu’un, à quelque chose, mais on est incapable de penser. Pour rien… Tu me comprends?
– je ne sais pas. Je ne sais pas si je te comprends, si je préfère ne pas te comprendre. Je ne sais pas et cela m’exaspère. Tu ne peux pas ne pas penser? Vivre, seulement, sans penser. Sans rien penser.
– je ne sais pas. Je n’y peux rien, c’est comme ça. Je ne sais pas si je pense, seulement j’aimerais savoir si je pense vraiment. Je ne sais pas si je vis, si je participe… Je ne sais pas, je ne sais vraiment pas. Tu crois qu’on est là?
– tu m’emmerdes avec tes questions! Elles ne servent à rien, on s’en fout. À quoi ça sert tout ça, à quoi? Peut-être que cela ne sert à rien. Cela ne m’intéresse pas de penser à ce que je pense… À rien, rien.
– tu crois vraiment ce que tu dis? Cela ne t’intéresse pas? Je ne comprends pas. Je ne te comprends pas, explique-moi.
– mais je n’ai rien à t’expliquer. Je pense à demain, à hier. Je pense à tout à l’heure. Je pense à tes questions. Je pense, je pense…
– rien. Tu ne penses rien. Comme moi, tu ne penses rien. Rien sans référent. Tu as besoin de visualiser quelque chose, de sentir pour penser. Sinon tu ne penses rien… Alors tu penses à quelqu’un, à quelque chose pour éviter de penser. Cela te rassure de penser «à», mais tu ne veux pas penser.
– tes questions m’angoissent. Tu m’angoisses. Je n’ai pas besoin de cela. Non, je ne veux pas penser à cela. Aucun besoin, aucune envie. J’avance moi.
– tu avances… Tu avances où? Tu avances à quoi? Qu’est-ce que tu crois? Tu as une mission? Tu sers à quelque chose?
– arrête! Stop!
– as-tu peur? Tu doutes de quelque chose. Je t’ennuie?
– oui. Tu ne vois rien, tu ne sens rien. Tu te poses des questions qui ne mènent nulle part. À rien. Tu le comprends? Tu cherches quoi? Tu ne peux pas vivre simplement. C’est une torture? Un châtiment divin? Tu n’es pas différent des autres, alors ne cherche pas. S’il te plaît, ne cherche pas. Ne cherche plus. Tu ne résoudras rien. Rien à rien. Tu n’as pas le pouvoir de changer quoi que ce soit. Ni personne.
– et, on en reste là… Pour toi c’est comme ça. On continue, dans l’ombre du jour et de la nuit. On ne pense plus. On vit comme ça, jusqu’à la fin. Sans penser à rien. On s’accommode. On s’arrange avec ce que l’on connaît.
– On ne peut rien y faire. C’est ainsi. À prendre ou à laisser.
– seulement être là. Et aimer.
– peut-être.