“Anamnèses et autres textes” by Éditions Numeriklivres, plus d’informations:
Photo : © Jean-Baptisite FORT PhotographerRésumé
Anamnèse [anamnɛz] nom féminin (grec, de ana « de bas en haut » → et mnêsis « mémoire » ; cf. amnésie) ■ didact. Retour à la mémoire du passé vécu et oublié ou refoulé (s’oppose à amnésie). « Faire remonter les souvenirs. » Le Petit Robert.Nos souvenirs sont-ils de simples rêves qui nous habitent comme des fantasmes, ou sont-ils la chair et le sang qui nous composent, la glaise qui modèle nos pensées ? Et tous nos actes manqués, sont-ils condamnés à ne pas être, ou existent-ils par le souvenir qu’on garde de ce qui aurait pu être ?
Xavier Fisselier, d’une écriture très introspective, et toujours pleine de cette délicatesse poétique qui le caractérise, nous force à un voyage de mémoire, de cette mémoire intime qui souvent resurgit quand on regarde derrière soi, pour tenter d’appréhender le temps passé. Qu’en restera-t-il, de ce temps qui passe ?Du même auteur
Mauvaises nouvelles, fiction, Numeriklivres 2013
Archives pour la catégorie Note
L’Atelier contemporain, François-Marie Deyrolle | Abonnement 2014/2015
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Bien amicalement,
François-Marie Deyrolle
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Note
Réapprendre à poser un mot devant l’autre, sans se blesser.
Puis, d’un battement de paupières, balayer ses pensées pour ne conserver que leurs origines. Retirer la matière, la réflexion qui s’est insidieusement greffée sur l’image et l’interprétation, garder seulement la source, le pourquoi de l’apparition soudaine, de la venue à l’esprit. Ôter les déguisements qui s’amoncellent autour, ceux qui étouffent, qui faussent, qui maquillent, qui se superposent au souvenir dénaturé.
Ne pas revenir en arrière mais chercher l’origine, retrouver la sensation, l’émotion, dans sa forme minérale.
L’émotion ne suscite aucune réflexion, aucune analyse, aucune explication. Elle est, là, seule dans sa magnifique suffisance d’être là.
S’entraîner à revenir au plus près, au point de départ, à chaque fois que cela devient éminemment nécessaire même sans rien y comprendre.
Traces silencieuses | Charles Maussion, Château de Tanlay 2014
Eugène Leroy | Centre d’Art Contemporain Château de Tanlay (France) | 2014
Fervent admirateur de Rembrandt, Eugène Leroy (1910-2000) portait une attention particulière au travail de la matière et de la lumière. Il a accompli une œuvre singulière située dans un double mouvement d’apparition-disparition du motif. Sa démarche consistait à enfouir sous de multiples couches de peinture un dessin originel. L’image du corps ou du visage de son modèle est recouverte progressivement d’épaisseurs de peinture dans les- quelles l’artiste ne cesse de revenir, de retravailler pendant des années, sur lequel l’artiste ne cesse de revenir, retravailler pen- dant des années. Dans le foisonnement de la matière picturale, l’épaisse couche au relief bosselé, la figure ne disparaît pas, au contraire elle émerge, elle s’incarne dans la peinture.
Des souvenirs comme des traits. Des lignes comme un visage. Le visage d’un souvenir. L’angoisse d’un regard. Une mémoire qui ne s’efface. Pas de spectateur. Solitudes qui partagent cet appel à l’échange. Le sens d’une évidence. Le passage de l’un à l’autre. Le va et vient du message. Une partition se compose, à quatre mains. Une image se dessine. Le vol d’un avion dans la nuit, le rappel au réel. Aux deux extrêmes du même monde, des paroles s’échangent. Convergentes, intimes. Se rejoignent en un seul point, là où l’on se dissimule. Les larmes s’estompent, les sourires naissent mais rien ne se distingue. Seul un souvenir. Une rencontre sans présence. Le regard posé sur la nuit, le silence autour. Aucune ride. Tout est présent, le moment, l’instant. Ici. Tout ressurgit au moindre désir. Aucune orientation. Seuls des mots qui s’accrochent les uns aux autres et ne font plus qu’un. Une conversation nocturne. De l’un à l’autre. Ne plus rien dire n’est pas se taire. Tout reste en suspens. Ne pas y toucher, l’effleurer du rêve.
Être là.
note
il/elle n’a pas voulu prévenir,
il/elle n’a pas voulu dire,
il/elle n’a pas voulu écrire,
il/elle n’a plus voulu lire,
il/elle n’a plus voulu sourire,
il/elle n’a pas voulu fuir,
il/elle n’a pas voulu mentir,
il/elle n’a pas voulu en rire,
il/elle n’a pas voulu faiblir,
il/elle n’a pas voulu agir,
il/elle n’a pas voulu partir,
il/elle n’a plus voulu souffrir,
il/elle n’a pas voulu en finir,il/elle n’a pas osé mourir.
Sri Ramana Maharshi
Seul le silence pour percevoir et peut-être comprendre.
Notes anciennes (ou pas):
note
Yumeji’s Theme
note
Finalement, rien ne sert d’essayer de changer le cours des événements. Ils arrivent et on les vit. Impuissantes révolutions. Rien de nouveau.
La déception de croire.
L’exposition universelle de soi pour être encore plus seul. Quel espoir se cache derrière tout cela? Les mythes se découvrent, ils ne s’affichent pas. La postérité est tellement plus élégante. Elle n’a plus aucune raison d’être. Elle est gratuite.
Ne nous empêchons pas d’aimer, même en souvenir.
C’est tout de même étrange tout cela. La vie ici ou là. Le mal que l’on se fait, sans vouloir le faire. Et celui que l’on se fait en le sachant. Le calvaire des utopies. Puis il y a tout ce que l’on ne veut pas se dire et ce que l’on ne s’est pas dit. Une confusion des non-dits. Et ce livre ne se termine jamais, ni ne se terminera.
Sans doute le plus lâche.
50 titres des éditions Numeriklivres à la médiathèque d’Albi
« Mauvaises Nouvelles », éditions NumerikLivres, dans le catalogue du réseau des médiathèques de l’Albigeois.
LE BLOG DES ÉDITIONS NUMERIKLI(V)RES
D’ici quelques jours, les usagers du réseau des médiathèques de l’Albigeois qui emprunteront une liseuse ou une tablette dans le cadre de l’opération TabenBib pourront lire des titres issus de notre catalogue.
Voir l’article original 497 mots de plus
note
… et puis il y a ces jours, ces jours qui sont de trop. Ceux que l’on n’a pas demandés. Sauter une case, revenir à celle du départ. Les jours ne dépendent pas de nous, ils viennent et repartent, laissant la seule trace que celle que nous avons bien voulu leur octroyer. Sentiment absurde d’avoir survolé sa journée, hors de soi, en très léger décalage, sans s’observer évoluer. Ni avancer, ni reculer. Où s’est-il égaré ce regard? Qu’ai-je fait de mes mains aujourd’hui? À quoi ont-elles servi? Qu’as-tu produit l’ami?… si ce n’est cette pensée noire qui t’a suivi. Revêtir ses sombres habits pourpres du bal des tourments puis déambuler là où tous s’agitent et se pressent. Aucun désir, laisser filer, laisser faire et perdre le dessus sans jamais lâcher prise. Le combat est inégal, ne pas lutter. Tu pourrais le regretter. Se laisser emporter par la vague de la pensée et attendre qu’elle échoue sa masse puissante au sol, dans un bruit sourd, comme un corps qui perdrait la vie dans sa marche. L’arche ne sait rester en suspens, c’est contre nature. Le corps finit par tomber et l’âme s’en échappe. Sais-tu ce qu’il t’est demandé de faire ici? Qui est ton maître? Ne se serait-il pas échapper pour te laisser choir dans ce délire que tu alimentes parce que cela te rassure? L’image que tu avais du monde s’est évanouie. Approche-toi de l’essentiel, sans trop y réfléchir, en tâtonnant. Le voyage est peut-être encore long et il n’en restera rien. Qui a gravé tes souvenirs si ce n’est toi, au fond de toi? Gravure sur sable, vouée à s’effacer. A été et n’est plus. Drôle de jeu, sans importance. Puisque tu le sais, pourquoi t’inquiètes-tu alors? Oui, cela n’a aucune importance, de quoi as-tu peur si ce n’est de t’approcher d’une vérité qui te stigmatise, t’anéanti. Disparaître n’est pas s’absenter. On pourrait penser à une fuite si seulement elle était volontaire. Rien ne justifie ce qui se passe autour de nous, la recherche n’est-elle pas déjà terminée, aboutie. Que cherches-tu à savoir de plus qui n’est déjà connu, vécu? Il faudra songer à arrêter d’asséner des âneries pour essayer de croire à cet ordre qui n’en est pas un.
Disparaître n’est pas s’absenter.
une ligne
Une simple ligne, immobile et silencieuse. Une frontière que l’on a outrepassée, une frontière que l’on ne traversera plus ou que l’on a déjà franchie. Avant, après. Passé, futur. Le simple dessin du présent qui ne s’oublie plus. Le présent que l’on a en soi, celui que l’on possède vraiment. Ce mouvement qui se fige dans sa fuite en avant. Le trait dépouillé de nos mémoires unies, avec leurs mots enlacés les uns aux autres qui deviennent illisibles. Une ligne de mots qui ne peut plus rien dire et qui s’étire en confessions, comme ce souvenir qui la trace. Une ligne qui peut se lire et semble tout dire. Une ligne qui se comprend tout en laissant sa cicatrice. Pure conscience, anamnèse.



































