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l’entêté

Puis il s’arrêta lentement d’écrivailler lorsqu’il comprit, somme toute tardivement, qu’il ne s’adressait qu’à lui seul. Fate considération de soi, qu’il bafouait par sa présence au monde. Ses efforts étaient vains. De trop lire, il avait succombé à la prétention, réservée aux plus faibles, de s’essayer à écrire. Son imagination l’avait enjôlé. Elle l’avait orné d’un costume d’apparat, comme l’on dresse une précieuse table à l’occasion d’une faste réception, avec soin et délicatesse. Elle ne lui avait livré aucune trame d’un début d’historiette. Son imagination avait seulement exacerbé une bien triste et grotesque effigie de ce qu’il ne serait jamais, image bien éloignée de sa commune réalité. Orgueilleuse vanité, qu’il revêtait chaque matin. Il s’obstinait à vouloir briller par de vils subterfuges, mais lorsqu’il sut lire sincèrement ceux et celles qu’il avait admirés et qu’il vénérait encore, il finit par comprendre son écrasante déconvenue. Son ombre s’effrita d’elle même, s’estompa in extenso. Parviendrait-il à atteindre le soulagement d’être simplement honnête avec lui-même et les chimères auxquelles il avait insufflé un embryon de vie?

Sa paresseuse désagrégation le rapprochait inéluctablement de son essence ignorée. L’acceptait-il véritablement?

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Pousser les grilles et ne plus s’enfermer. Ne plus se fermer. Les barrières que l’on cherche à construire autour de soi ne protègent de rien, et surtout pas de soi. Se protéger de soi en s’ouvrant à l’autre. Se protéger de soi, parce que l’on comprend que l’on est son pire ennemi.
Laisser passer.

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Pourquoi ne l’ai-je pas lu avant? … et tout ce qu’il me manque encore à découvrir.

« Nous vivons bien à l’aise, chacun dans son absurdité, comme poissons dans l’eau, et nous ne percevons jamais que par un accident tout ce que contient de stupidités l’existence d’une personne raisonnable. Nous ne pensons jamais que ce que nous pensons cache ce que nous sommes. J’espère bien, Monsieur, que nous valons mieux que toutes nos pensées, et que notre plus grand mérite devant Dieu sera d’avoir essayé de nous arrêter sur quelque chose de plus solide que les babillages, même admirables, de notre esprit avec soi-même. »

Paul Valéry, Monsieur Teste | extrait de Lettre de Madame Émilie Teste, éditions L’imaginaire, Gallimard

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Aujourd’hui je ne peux rien faire d’autre que de ne rien faire.

15 novembre 2011

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A-t-on vraiment tant de choses à vivre ou n’est-ce seulement qu’une obstination à vouloir décorer sa vie à tout prix, lui donner du relief, une histoire?

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« Dans le doute, je reste sceptique…

En silence, être là. »

 

 

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photo volée à @AliQuandOo

Chercher, chercher encore des solutions et ne pas les trouver.

Faire confiance au silence et le contempler.

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Des petits pas, par ici, sans faire de bruit. Ne déranger personne, seulement être passé et rien de plus.
Des mots se sont échoués, sans aucun rebond, avalés par une liste sans fond. Mais ont vécu, le temps d’un souffle de pensée.

En présence, je perçois ceux que j’aime, que j’ai aimé et qui se sont évaporés d’ici. La nature assassine, infanticide, les a décomposés, broyés, réduits.

La violence est omniprésence.
Comme la conscience.
Absence au monde.
L’oubli est absence, le souvenir présence.
Béance.

note

Quand la nuit d’hiver approche, quand les pensées s’engourdissent, quand le coeur se refroidit, quand la conscience s’enlise…

S’échapper rêver pour ne plus cauchemarder.

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En ces jours, je ne saurai dire et écrire autre chose:

« Il avait perdu sa magie. L’élan n’était plus là. »

Le rabaissement, Philip Roth | éditions Gallimard

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« Qu’est mon néant, auprès de la stupeur qui vous attend ? »

Arthur Rimbaud | Les illuminations

note

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« Alors
ils suivirent le chemin
qui mène aux villes »

Jean Cocteau « Œuvres poétiques complètes »

note

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J’ai l’intime conviction que l’on écrit toujours à quelqu’un, jamais pour soi. Et les correspondances silencieuses se délitent dans l’univers, sans laisser de traces. Perception désaxée, sans repère qui ne vaille, seulement vaciller.

note

« Pour nourriture, j’ai mes soupirs, comme l’eau s’épanchent mes rugissements.

Toutes mes craintes se réalisent et ce que je redoute m’arrive.

Ni tranquilité ni paix pour moi, et mes tourments chassent le repos »

JOB, 3, 24-26 

note | suite

Bis repetita | Aimer les évidences que l’on ne veut pas comprendre. Ne posséder qu’une « connaissance relative » des événements, des objets, des individus… et se tromper toujours, indéfiniment.

Mais essayer de démêler le « préjugé du monde »…

« Dans l’espace lui-même et sans la présence d’un sujet psychophysique, il n’y a aucune direction, aucun dedans, aucun dehors. (…) Il y a un premier dogmatisme, dont l’analyse réfléxive nous débarasse et qui consiste à affirmer que l’objet est en soi ou absolument, sans se demander ce qu’il est. (…) La perception extérieure et la perception du corps propre varient ensemble parce qu’elles sont les deux faces d’un même acte. » Maurice Merleau-Ponty | Phénoménologie de la perception.

En préparant ce billet, les mots de notre soupir 59, Denise, me parvenaient par mail sur la perception de l’oeuvre de Charles:

« Sa pensée diffuse la brume de ses idées. Il était là entre deux mondes à écouter la venue de la nuit. Mais il s’envola vers la lumière. Il était là au creux d’une conception à s’embrouiller comme le bon vin saoule. »