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À rien

Les nuits sont de nouveau synonymes de cauchemars.

Vous souvenez-vous de vos cauchemars d’enfant ?

Se réveiller, en pleine nuit, perclus de trouille. Avoir peur dans son sommeil.

Il n’y a rien de plus absurde. Ça n’a pas de sens. Ça ne peut être réel. Ça ne peut exister.

Qui est là ?

Dans la nuit, dans l’esprit.

Mais le cauchemar est là, réel, prêt à vous torturer jusqu’à l’aube. Il a pris place et ne pense pas déguerpir.

Il devient angoisse qui se propage, sans limite. Elle s’immisce, partout. Même les yeux fermés.

L’esprit à demi éveillé, à demi endormi. Rien n’est clair, sauf la peur. Elle prend toute la place. Toute la place qu’elle peut occuper, et plus si c’est encore possible.

Elle devient vous.

Ne plus fermer les yeux au milieu de la nuit. Ne plus respirer. Fermer les écoutilles. Essayer de ne pas réfléchir. Ne plus penser.

À rien.

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Déconstruire l’ordre des mots. Les insuffler dans les cieux pour qu’ils en chutent librement et qu’ils s’inscrivent sur cette terre, dispersés par les traces de pas qui s’éloignent mais qui ne s’effaceront pas. Ils sont gravés là, comme ces images et ces odeurs capturées. Agrandir l’espace de pensée que nous nous étions octroyés et n’avoir plus peur de rien. Ne craindre personne. Ne plus redouter le vide. Celui qui est partout. Autour de nous. Adopter le vide qui nous entoure et sentir la vibration de son absence. Nous sommes là, présents les uns aux autres et nous ne nous voyons plus. Seulement sentir la présence. Le reste n’importe pas. Que vous soyez là et que vous n’y soyez pas. Les distances sont temporelles et le temps n’a pas le temps d’exister. Il aurait déjà disparu s’il avait déclenché sa course, même un instant. Être là. Ou peut-être ne pas y être.

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Des petits pas, par ici, sans faire de bruit. Ne déranger personne, seulement être passé et rien de plus.
Des mots se sont échoués, sans aucun rebond, avalés par une liste sans fond. Mais ont vécu, le temps d’un souffle de pensée.

En présence, je perçois ceux que j’aime, que j’ai aimé et qui se sont évaporés d’ici. La nature assassine, infanticide, les a décomposés, broyés, réduits.

La violence est omniprésence.
Comme la conscience.
Absence au monde.
L’oubli est absence, le souvenir présence.
Béance.

note

Dans nos absences,

Dans nos silences,

Sans différences,

L’appel des sens,

Seule la présence,

De notre essence,

Éminence,

Quintessence.

Fuir nos absences,

Nos références,

En silence.

Une seule et unique conscience.

Une seule et unique évidence.

Dans les silences

de nos absences.

Enfance,

Puis descendance.

Les mêmes silences,

Les mêmes absences.

Évidence,

Puis dépendance.

Une occurrence.

Fausse apparence,

Fausses circonstances.

Nos ignorances,

Nos errances,

Et nos absences,

Tancent

Nos silences.

Et dansent

Nos absences.

Une violence,

Désespérance.

Les mêmes silences,

Les mêmes absences.

Une même souffrance,

Une évidence.

Mais le silence,

N’est pas absence.

Une évidence,

Pas une croyance.

Dans nos absences,

Dans nos silences,

Future naissance,

Nos espérances.

Une évidence…

Même le silence,

N’est pas absence.

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Les ruines du ciel, Christian Bobin, Gallimard.